Vous avez peut-être vu que j’ai publié sur ce site un exemple de transcription de vidéo YouTube. A quoi bon proposer ce type de service, me direz-vous puisque YouTube offre une transcription automatique des vidéos publiées sur la plateforme ?
C’est vrai, YouTube propose une transcription automatique des vidéos, mais celle-ci est loin, voire très loin, d’être parfaite.
Je ne dis pas qu’elle ne vaut strictement rien. Je dirais qu’elle est de qualité correcte, si on ne regarde pas trop dans le détail.
Cependant, cette transcription n’est, en aucun cas, réutilisable en l’état. Elle présente, en effet, de nombreuses imperfections.
Prêtez-nous à un petit exercice de comparaison. Nous allons reprendre l’exemple de la vidéo que j’ai retranscrite.
Voici la transcription générée automatiquement par YouTube pour cette vidéo
c’est un groupe média 2500 salariés
depuis 2018 puisque nous avons nous
avons fait l’acquisition des radios rtl
donc rtl première radio de france fun
radio et rtl2 et à cette occasion
évidemment à l’occasion de la réforme
des réformes macro nous avons mis en
place les le sait est ce donc 3 c est ce
déjà depuis avril avec en premier chef
notre agence de presse radio suivi de
métropole télévision qui est la société
mère m6 était la plus grosse structure
en termes du scs e et enfin la régie
publicitaire qui elle aussi est passé au
mois de mai en cso
on a essayé de faire en sorte qu’on
puisse se former avec nos élus dans nos
discussions et c’est pour ça qu’on a
essayé de faire en sorte qu’on soit dans
une vision assez pragmatique c’est à
dire mettons en place le cso et voyons
comment ça se passe ensemble la mise en
place du premier c’est ce duo m6 pour
notre agence de presse radio s’est placé
dans un contexte qui était je dirais
classique on aurait renouveler un cs
aurait été exactement les mêmes
conditions
donc ya pas eu de sujets concernant le
protocole préélectoral
il ya pas eu de sujets concernant je
dirais l’anticipation le planning voilà
donc ça s’est déroulé de façon tout à
fait classique simplement effectivement
on est passé du 6e au c est ce qu on
avait déjà procédé à des élections sous
procès ce vote électronique
il se trouve que les 3 ha c’est ce dont
on parle aujourd’hui avait fait l’objet
d’ élections papier jusqu’à présent donc
c’était nouveau pour eux mais pas
nouveau pour le groupe m6 nous n’avons
pas eu les mêmes durée d’ouverture du
bureau de vote en fonction des trois c
est ceux des trois élections que nous
avons menées et c’est vrai que plus la
durée courte en vote électronique
plus on se rend compte que finalement la
participation est faible alors que sur
un vote papier ou le bureau de vote est
ouvert une seule journée
parfois la participation est supérieure
à celle d’un vote électronique sur
quelques jours donc la conclusion c’est
de se dire que si vraiment on veut faire
de la place aux organisations syndicales
et éventuellement s’affranchir d’un
second d’un second tour
là il faut qu effectivement la période
d’ouverture du bureau de vote
électronique soit importante à minimes
une semaine dix jours pour moi c’est
extrêmement positif le cs eux il ya
beaucoup davantage pour nous des rh
effectivement on est dans une dynamique
assez différente où on peut travailler
la qualité du dialogue social mieux
travailler nos dossiers avec les élus et
puis c’est quelque chose qui à mon sens
est vraiment vertueux à la fois pour les
élus et pour pour l’employeur pour
l’entreprise parce que justement il ya
une qualité des changes qui est un peu
différente
bien sûr on apprend aussi en marchant
donc voilà on est on est dans une phase
aujourd’hui qui est un peu chronophage
parce que tout se met en place mais il
est certain que dans un an ou deux on
tirera vraiment les bénéfices de
l’application et du cs dans l’ensemble
de nos filiales
peut-être peut-être deux trois petits
bugs qu’on peut relever d’abord et on
n’a aucune contrainte sur les règlements
intérieurs donc si on ne signe pas de
règlement intérieur du cs
qu’est ce qui se passe par en fait on
sait pas parce qu’il ya un vide
juridique dans la loi donc on pourrait
très bien se dire bon le signe dans un
an deux ans trois ans à la fin parce que
voilà et les négociations pourraient
durer des mois et des années donc ça
c’est le premier sujet deuxième sujet
c’est que donc il ya des commissions
obligatoire dans les commissions est
obligatoire il ya un nombre minimum de
membres ce qui est assez étonnant c’est
qu’ils sont dans la commission logement
il ya quatre membres alors que
aujourd’hui
là l’actualité des entreprises est drh
on parle beaucoup de la qualité de vie
au travail des risques psychosociaux et
bizarrement sur la commission sur la css
c’était il ya que trois normes
obligatoires et puis alors moi je dirai
juste pour faire sourire sur la
commission égalité hommes femmes égalité
professionnelle
trois membres donc pour la parité c’est
un peu compliqué
Et voici la transcription que j’ai réalisée :
Christophe FOGLIO, DRH Groupe M6 : Le Groupe M6 est un groupe média. C’est 2 500 salariés depuis 2018, puisque nous avons fait l’acquisition des radios RTL : RTL, première radio de France, Fun Radio et RTL2. A cette occasion et à celle des réformes Macron, nous avons mis en place le CSE. Trois CSE ont déjà été mis en place depuis avril : en premier chef, notre agence de presse radio, suivie de Métropole Télévision qui est la société mère de M6 et la plus grosse structure en termes d’UES CSE, et enfin la régie publicitaire qui est passée en CSE au mois de mai.
Passage au CSE : comment s’y prendre ?
Arnaud MARCQ, Directeur relations sociales Groupe M6 : Nous avons essayé de faire en sorte que nous puissions nous former avec nos élus, dans nos discussions. C’est pour cela que nous avons essayé d’être dans une vision pragmatique, de mettre en place le CSE et de voir comment cela se passe ensemble.
Organisation des élections : quelles difficultés ?
Christophe FOGLIO : La mise en place du premier CSE du Groupe M6 pour notre agence de presse radio s’est passée dans un contexte que je qualifierais de classique. Nous aurions renouvelé un CE, cela aurait été les mêmes conditions. Il n’y a pas eu de sujet concernant le protocole préélectoral. Il n’y a pas eu de sujet concernant l’anticipation, le planning. Cela s’est déroulé de façon tout à fait classique. Simplement, nous sommes passés du CE au CSE.
Le vote électronique favorise-t-il la mobilisation ?
Christophe FOGLIO : Nous avions déjà procédé à des élections sous process de vote électronique. Il se trouve que les trois CSE dont nous parlons aujourd’hui avaient, jusqu’à présent, fait l’objet d’élections papier. C’était donc nouveau pour eux, mais pas nouveau pour le Groupe M6. Nous n’avons pas eu les mêmes durées d’ouverture du bureau de vote en fonction des trois CSE et des trois élections que nous avons menées.
Plus la durée du vote électronique est courte, plus nous nous rendons compte que la participation est faible, alors que dans le cas d’un vote papier, avec un bureau de vote ouvert sur une journée, la participation est parfois supérieure à un vote électronique sur quelques jours. La conclusion est de dire que si nous voulons faire de la place aux organisations syndicales, et éventuellement nous affranchir d’un second tour, il faut que la période d’ouverture du bureau de vote électronique soit importante, a minima une semaine, 10 jours.
Passage au CSE : quels sont les avantages ?
Christophe FOGLIO : Le CSE est, pour moi, extrêmement positif. Il y a beaucoup d’avantages. Pour nous, DRH, nous sommes dans une dynamique assez différente où nous pouvons travailler la qualité du dialogue social, mieux travailler nos dossiers avec les élus. C’est quelque chose qui, à mon sens, est vraiment vertueux, à la fois pour les élus et pour l’employeur, l’entreprise. La qualité de l’échange est un peu différente. Nous apprenons bien sûr en marchant. Nous sommes aujourd’hui dans une phase un peu chronophage parce que tout se met en place, mais il est certain que dans un an ou deux, nous tirerons vraiment les bénéfices de l’application du CSE dans l’ensemble de nos filiales.
Des incohérences à signaler dans les textes ?
Christophe FOGLIO : Nous pouvons peut-être relever deux ou trois petits bugs. Tout d’abord, nous n’avons aucune contrainte sur les règlements intérieurs. Si nous ne signons pas de règlement intérieur du CSE, que se passe-t-il ? Nous ne savons pas. Il y a un vide juridique dans la loi. Nous pourrions très bien nous dire que nous le signons dans un an, deux ans, trois ans, à la fin. Les négociations pourraient durer des mois et des années. C’est le premier sujet.
Le deuxième sujet concerne les commissions obligatoires. Dans les commissions obligatoires, il y a un nombre minimum de membres. Il est assez étonnant que la commission logement comprenne quatre membres, alors qu’aujourd’hui, dans l’actualité des entreprises et des RH, nous parlons beaucoup de la qualité de vie au travail, des risques psychosociaux, et bizarrement, la CSSCT n’est composée que de trois membres obligatoires.
Je dirais, pour faire sourire, que la commission égalité professionnelle hommes/femmes doit comprendre trois membres, ce qui est compliqué à mettre en place du point de vue de la parité.
Que nous apprend la comparaison entre la transcription automatiquement générée par YouTube et celle réalisée par mes soins ?
Nous noterons tout d’abord une difficulté manifeste de YouTube à retranscrire les termes techniques, et notamment les acronymes
Exemple flagrant ici, l’acronyme CSE (pour Comité Social et Economique) devient, tout à tour, dans la transcription automatique YouTube : sait est ce ; c’est ce ; cso ; ha ; cest eux ; cs eux.
YouTube propose donc différentes tentatives de transcription de CSE, mais jamais la bonne ! Or je rappelle, ici, que l’acronyme CSE est le sujet principal de la vidéo. Dommage.
Idem avec CSSCT qui devient css c’était.
Nous relèverons également diverses fautes d’orthographe dans la transcription automatique.
En voici quelques-unes :
- La régie publicitaire est passé (oubli du « e » à la fin de passé)
- On aurait renouveler (au lieu de renouvelé)
- Il Ya (il y a s’écrit en trois mots)
- Les mêmes durée (il manque un « s » à durée)
- Commissions obligatoire (il manque un « s » à obligatoire)
YouTube confond aussi des mots proches à l’oreille et écrit :
- qualité des changes, au lieu de qualité d’échange
- beaucoup davantage, au lieu de beaucoup d’avantages
- procès au lieu de process
- normes au lieu de membres
YouTube retranscrit absolument tout ce qui est dit, même ce qui est inutile. Résultat, les hésitations, les doublons de mots prononcés à l’oral sont retranscrits, ce qui rend la lecture de la transcription difficile.
De même, l’absence totale de ponctuation rend la lecture à la limite du possible.
Bref, si vous souhaitez réutiliser le texte de la vidéo pour le poster sur votre site ou blog, la transcription automatique de YouTube nécessitera un gros travail de reprise. Et si trop de reprises il y a, vous passerez autant de temps à toutes les corriger qu’à refaire la transcription de façon manuelle.
Au final, toutes ces faiblesses de la transcription automatique démontrent une chose : la valeur ajoutée de l’humain dans le travail de transcription. Cette valeur ajoutée s’estompera sûrement au fil des années et de l’apprentissage de l’outil YouTube, j’en suis tout à fait consciente, mais pour l’instant, j’ai encore un net avantage sur YouTube !